(photo Andréanne Germain)
Il y a 3 ans, j’ai fait le choix d’arrêter de travailler pour élever mes enfants et m’engager dans mon Église avec mon mari. Et puis un jour, tout d’un coup, j’ai réalisé combien je râlais. Pas juste un peu. Tout le temps. Pour tout ! Malgré la conviction que j’étais à ma place, je ne semblais même pas heureuse aux yeux de mes proches tellement j’étais toujours en train de critiquer, souffler, me plaindre.
Le perfectionnisme m’a fait du mal
J’ai décidé d’arrêter de râler, pour le mieux-être de tous ! Quand s’est posée la question de pourquoi je râlais, la réponse a été immédiate : l’organisation du foyer ne me satisfaisait pas, mais alors pas du tout ! C’est là que mon amie Claire, m’a parlé du livre qui allait révolutionner ma façon de penser : Entretiens avec mon évier, de Marla Cilley. Ne riez pas trop vite ! Ce livre est tout simplement une délivrance pour toutes celles qui, comme moi, ne sont pas organisées de naissance.
Un passage a suffi à me faire comprendre ce que je devrais savoir depuis 10 ans que je suis chrétienne : le perfectionnisme est le chemin le plus sûr pour m’éloigner de la grâce de Dieu.
J’ai grandi avec la peur d’être rejetée (pour plein de raisons différentes), et avec l’idée que si je faisais mal, mieux valait ne pas faire du tout. Ceci était valable pour le boulot, les régimes (!), le ménage, et de manière générale cela a impacté tous mes engagements (associatifs et relationnels notamment). Cela a développé mon caractère entier : c’était tout ou rien, sinon cela ne valait pas le coup.
Marla Cilley aborde le sujet dans son livre, de manière un peu ambiguë par rapport à l’Évangile d’ailleurs, mais je retiens cette phrase qui m’a vraiment touchée :
« Renoncez au perfectionnisme et commencez enfin à vivre sans avoir peur d’être rejetée. »
Le perfectionnisme a fait du mal à mon entourage
Quand j’étais étudiante et que je préparais mes lettres de motivation pour chercher mon 1er poste, j’avais du mal à trouver des qualités à mettre en valeur. Souvent, j’écrivais que j’étais « perfectionniste ». C’est bien, « perfectionniste » : cela montre que tu aimes le travail bien fait et suppose que tu es prêt(e) à bosser à fond pour qu’effectivement cela soit le cas.
J’avais toujours vu mon perfectionnisme, ma rigueur, comme un atout, même dans ma vie chrétienne. Mais en fait c’est tout le contraire ! J’ai vécu ma vie avec l’idée que je devais être à la hauteur, qu’on attendait de moi un niveau que je semblais incapable d’atteindre (non seulement moralement, mais aussi physiquement, spirituellement, etc.). Le problème, c’est que je n’étais pas seulement exigeante avec moi-même, mais aussi avec les autres. Un jour, une femme a même dit de moi « Laure, elle nous pousse à l’excellence. ». Sur le coup, cela m’a fait plaisir. Mais aujourd’hui, je refuse d’entendre cette phrase à nouveau. Si mes collègues, mes amis, mes frères et sœurs dans l’église, mon mari (?) ont vécu sous la même pression que celle que je me mets, j’ai tout simplement été un contre-témoignage et une amie pitoyable ! Quelle tristesse je ressens à l’idée d’avoir tant manqué de grâce envers chacun ! C’est une chose d’encourager, c’en est une autre de pousser à la perfection. Je ne suis pas parfaite, je ne le serai qu’au Ciel près de mon Père. Et ça, pas à cause d’un idéal atteint sur Terre, mais à cause de Dieu qui me fait grâce de toutes mes imperfections. Ces imperfections qui me poussent à dépendre de Lui, à vivre sa grâce chaque jour, dans l’humilité, la repentance, mais aussi la recherche de sa sainteté.
Perfectionniste, non ; organisée, oui !
Quel rapport avec l’organisation du foyer me direz-vous ? Tout simplement, Marla Cilley m’a fait réaliser que si j’ai tant de mal à me mettre au ménage, c’est que je sais que je n’ai pas le temps de tout faire comme je voudrais (c’est-à-dire si je n’ai pas une bonne demi-journée devant moi). Ayant connu le même problème, l’auteur a mis en place un système d’organisation qui remédie à ce mode de pensée perfectionniste. S’organiser petit pas après petit pas. Sans viser la perfection. En vivant dans la grâce pour soi-même et pour ses proches.
Si un jour je reprends le travail, je pourrai écrire « organisée » au lieu de perfectionniste (enfin, j’espère !). En attendant, j’apprends à tenir ma maison petit à petit. Elle ne sera jamais parfaitement propre et rangée (surtout avec deux enfants en bas-âge), mais par la grâce de Dieu elle sera fonctionnelle et accueillante. Comme moi ;-).